MARY ET MAX d'Adam Elliot.
Quel plaisir à l'heure du tout numérique, des cheveux en images de synthèse et des décors en 3D de voir débouler ce magnifique MARY ET MAX ( ♥♥♥ ), un véritable petit bijou d'humour noir, fait de pâte à modelée animée image par image à la manière d'un Wallace et Gromit. Façonné avec amour par son créateur Adam Elliot, le film s'impose comme l'un des plus jolis film d'animation de l'année.
D'emblée la prouesse visuelle fait son effet, et les deux héros solitaires, une petite australienne de huit ans et un new-yorkais obèse qui communiquent par courrier, sont attachants. Parfois pathétiques, souvent torturés mais toujours drôles et émouvants, vous retrouverez forcément quelque chose de vous en eux. Par contre, je déconseille d'y emmener vos rejetons, tant le ton employé et les sujets abordés sont sombres et s'adressent principalement aux adultes. La mort, par exemple, loin d'être éludée, est une des questions principales du film, on y parle aussi de suicide, de dépression, et... de hot-dog au chocolat. Oui, on rigole beaucoup ! Une mère alcoolique et indigne, un voisin agoraphobe, un chat miteux et borgne ne sont que quelques exemples de la ménagerie de freaks qui entourent nos deux héros malheureux. J'ai eu un gros coup de cœur pour ce récit épistolaire en noir et blanc qui déborde d'originalité, brassant avec brio une multitude de thèmes aussi divers que cocasses. La "fabrication" des bébés donne lieu aux hypothèses les plus incongrues, par exemple...
La correspondance entre Mary et Max, commentée en voix off par un narrateur au débit très détaché et cynique (en V.O en tout cas) se compose d'anecdotes farfelues ou de détails émouvants. On passe d'une émotion à une autre, en un clin d'œil, à la faveur du souvenir ou du fantasme de l'un des deux personnage, rongé par la solitude. Agrémentée d'une bonne dose d'inventions originales, Max et Mary s'offre aussi une bande-son parfaite ainsi qu'un casting de voix parfait (on remarquera particulièrement Barry Humphries en narrateur, et Philip Seymour Hoffman en Max). Dommage que la dernière demi-heure, un peu trop démonstrative enchaîne les scènes de désespoir pas forcément utiles... il serait criminel de passer à côté.